Après 5 années de veille technologique et de nombreux échanges avec des industriels du secteur, CMN est en passe de réussir à téléopérer un HSI32 grâce à la dronisation. En quoi cela consiste ? Quels objectifs avons-nous atteint ? Quelles sont les perspectives de cette technologie ? Nous répondons à toutes ces questions avec Rémy Lacotte, coordinateur études et installations.
En quoi consiste la dronisation ?
La dronisation résulte du fait de rendre autonome tout ou partie d’un navire, par le biais de la téléopération et/ou de l’Intelligence Artificielle (IA). Il existe aujourd’hui 4 degrés de dronisation : l’automatisation de certaines fonctions du navire ; la téléopération avec ou sans surveillance à bord et l’automatisation de toutes les fonctions du navire avec un pilotage géré par une IA.
Cette technologie offre de réels avantages : elle permet à une Marine disposant de faibles ressources humaines de répondre à des besoins supplémentaires ; de protéger ses troupes lors d’opérations sensibles ou encore de renforcer ses moyens d’action. « Exemple : avec des navires dronisés, la Marine française serait en capacité de sécuriser les zones d’entrée et de sortie des sous-marins, sans mobiliser de personnel à bord » explique Rémy Lacotte.

Quels objectifs avons-nous atteint ?
Face à l’émergence de cette technologie ; à une demande Client et après 5 ans de veille technologique, un premier projet de téléopération avec surveillance à bord a été initié sur le HSI32. Un Groupe de Travail (GT) a alors été formé fin 2021 par CMN, Sea Machines Robotics et Raytheon afin de réfléchir à cette problématique et d’identifier les appareils nécessaires, donnant ainsi lieu, début février 2022, à l’installation des matériels (caméra 360°, antenne wifi 4G, etc.) et aux premiers essais en mer.
« Les essais menés sont une réussite. Nous avons pu qualifier la portée du wifi sur un périmètre de 15kms et réaliser des tests complémentaires afin d’ajuster nos logiciels de commande. Il ne reste plus que l’installation et l’essai de l’Electro-Optic Device (EOD) qui permettra d’identifier la présence d’obstacles lors du déplacement du navire » précise Rémy Lacotte. La prochaine étape sera une démonstration de cette avancée technologique lors du World Defense Show, à Riyad.
Quelles sont les perspectives de cette technologie ?
Nous faisons ici face à un important enjeu concernant l’intégration des drones dans les règlements internationaux. Ainsi, fin février, suite au GT formé entre CMN, le Bureau Veritas et divers acteurs venus du monde entier, un projet de règlement a été rédigé et sera prochainement soumis au GT pour commentaire et permettre la publication du règlement final.

« Nous sommes actuellement dans une première phase d’intégration de cette technologie. à terme, nous devrons envisager l’utilisation de satellites pour assurer une couverture réseau sur l’ensemble du globe, et ainsi faire en sorte que le navire puisse être utilisé partout » souligne Rémy Lacotte, avant d’ajouter que « toutes les briques technologiques sont à notre disposition pour atteindre cet objectif d’automatisation et de pilotage par une IA. Ce n’est plus qu’une question de temps ! ».
Rémy Lacotte, coordinateur études et installations